Entretien Michaël Delafosse

Que représente ce partenariat pour la ville de Montpellier ?

Ainsi que chacun le sait, et contrairement à ses voisines méditerranéennes (Narbonne, Lattes, Agde, Nîmes…), Montpellier n’a pas de passé antique. Sa grandeur historique, elle la doit d’abord au Moyen-Âge, à sa naissance officielle quelques années avant l’an mil, à l’essor foudroyant que notre ville connut en deux siècles à peine et, très tôt, au développement et à la transmission de pratiques médicales qui allait aboutir à la réunion en une seule communauté (universitas en latin) des écoles médicales montpelliéraines, en 1220. Née aux carrefours des civilisations orientales et occidentales, aux croisements des routes terrestres et maritimes, l’Université médicale de Montpellier est une des plus belles réalisations de ce que l’on appellera plus tard l’humanisme et qui se caractérise par le goût du savoir et de l’étude, celui de la connaissance de l’homme et du monde, et dans toutes leurs dimensions. C’est en grande partie à cette histoire, une histoire toujours en mouvement, que Montpellier doit sans doute sa belle vitalité et cette tradition de l’accueil et du bien vivre qui la rend si attachante. Célébrer cet anniversaire, c’est donc fêter et mettre en lumière un des plus beaux aspects de notre ville.


Quels vont être les contours de ce partenariat ?

La situation liée à la crise sanitaire ainsi que le report tardif du second tour des élections municipales n’ont pas permis à ce partenariat d’être mieux anticipé et je le regrette. Nous travaillons désormais à lui offrir, au-delà des discours, une réalité. Aux côtés de l’exposition qui a été installée en août sur l’Esplanade Charles-de-Gaulle et que l’on pourra retrouver prochainement sur le parvis Simone Veil devant la nouvelle faculté de médecine, je souhaite que les mois qui viennent nous offrent de multiples occasions de nous familiariser mieux encore avec cette histoire singulière : nous accompagnons la préparation d’un livre destiné aux jeune public, nous allons également mettre à contribution deux manifestations : l’Agora des savoirs et la Comédie du Livre. Mais je souhaite avant tout que nous offrions une histoire dynamique de cette présence permanente de la médecine à Montpellier, que nous croisions des approches scientifiques, universitaires, avec le regard, forcément plus hétérodoxe, d’artistes, de créateurs… et avec celui des habitants de la ville, petits et grands : car cette histoire, c’est la leur, c’est la nôtre.


Le 17 août 2020 n'est-il pas le commencement d'une aventure qui dépasse les 800 ans ?

La crise sanitaire globale qui nous frappe et qui frappe le monde entier nous a rappelé, durement, cruellement, la place essentielle que la santé, le soin et la médecine occupent dans nos vies quotidiennes. Si nous accordons aujourd’hui une telle attention à cette histoire, à ce passé médical, c’est avec la ferme intention de regarder devant nous, d’affronter les défis du présent et ceux, déjà là, de demain. C’est pourquoi, ces prochaines années, nous allons engager nos forces dans l’invention et le développement d’un nouveau pôle, la Med Vallée, qui réunira au nord de Montpellier acteurs publics et privés, grands instituts de recherche et entreprises phare de la santé, de l’environnement, de l’alimentation et du bien-être. Parce qu’il est de notre devoir d’offrir aux forces de l’intelligence un cadre favorable à la recherche, à la création, à l’innovation. C’est de cette manière seulement que nous serons dignes de l’héritage laissé par ces aventuriers de la pensée que furent Lapeyronie, Candolle, Flahaut, Richer de Belleval, Arnaud de Villeneuve. C’est de cette manière seulement que nous saurons faire face aux grands défis qui nous attendent.